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Un directeur d’école primaire demande l’aide des parents, est-ce légal ?

Une publication qui date du 11 septembre 2023, a suscité une polémique sur le réseau Facebook en Tunisie. Tout a commencé quand un parent s’est interrogé à propos du paiement d’une somme de dix dinars après l’inscription de son enfant à l’école : « C’est quoi l’histoire des dinars après l’inscription ? ». D’après ce poste viral, il s’agit d’une somme versée en tant qu’aide pour l’école. Cette information a créé le mécontentement du parent qui a exprimé sa déception et son indignation : « et les pauvres qu’est ce qu’ils vont faire ? ».

Les réactions se sont multipliées entre ceux qui ont dénoncé cette démarche la qualifiant comme injuste pour les parents des élèves, tout en rappelant la situation économique du pays : « la Tunisie souffre déjà d’une crise économique qui a affecté les familles et maintenant on nous demande de payer plus ». Tandis que d’autres ont applaudi cette décision qui peut améliorer les conditions des écoles et de l’enseignement en Tunisie : « C’est une bonne initiative pour offrir un meilleur environnement pour nos enfants, cela va aider à rénover les écoles et l’infrastructure ».

Face à cette polémique, et les discussions qui ont eu lieu sur le réseau Facebook, nous avons contacté l’attaché de presse du ministère de l’Éducation Issam Bousselmi pour vérifier la légalité de cette démarche. M.Bousselmi a indiqué qu’il est totalement interdit de demander des aides ou de l’argent aux parents d’élèves : « il s’agit d’une infraction, c’est interdit ! ».

Le responsable au ministère de l’Éducation a assuré que ce genre d’aides ne peut pas être toléré ou accepté. « C’est une infraction grave susceptible de punition qui peut aller jusqu’à la destitution du directeur de l’école » a-t-il affirmé.

Notons qu’en 2023, les dépenses d’engagement du ministère de l’Éducation se sont établies à 7,7 milliards de dinars. On trouve ensuite le ministère de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines avec 5,9 milliards de dinars, puis le ministère de l’Intérieur avec 5,7 milliards de dinars. 3,9 milliards de dinars ont été consacrés au ministère de la Défense nationale, 3,6 milliards de dinars alloués au ministère de la Santé et 3,2 milliards de dinars au ministère des Affaires étrangères.

Dans le budget de l’État, c’est l’éducation qui a reçu la plus grande part des secteurs sociaux, avec une moyenne de 22%. Les ressources consacrées au secteur de l’éducation sont en majorité allouées aux salaires.

Dans une déclaration qui date du 13 septembre 2022, le ministre de l’Éducation Fathi Sellaouti a assuré que 95 % du budget du ministère est consacré aux salaires. Ce qui laisse un budget limité pour la rénovation des écoles.

Le ministère de l’Éducation a lancé en 2022 une plateforme avec l’Unicef pour rénover et réhabiliter les écoles. L’initiative a commencé le 5 juillet 2022, et 34 écoles à travers le pays ont pu bénéficier d’aides. 

Selon un rapport de l’Unicef, 400 écoles soit environ 6% des écoles publiques sont confrontées à des pénuries d’eau, seulement 53 % des écoles primaires publiques en Tunisie ont des toilettes améliorées et opérationnelles. Selon un autre rapport de l’Unicef, cent mille élèves quittent l’école chaque année.

Rappelons que l’article 44 de la constitution prévoit que : « L’enseignement est obligatoire jusqu’à l’âge de seize ans.

L’Etat garantit le droit à l’enseignement public gratuit à tous ses niveaux. Il veille à fournir les ressources nécessaires au service d’une éducation, d’un enseignement et d’une formation de qualité ».

Le taux d’analphabétisme général est estimé à environ 17,7 %, ce qui équivaut à environ deux millions de personnes, selon les chiffres du ministère des Affaires sociales.

Les données de l’Institut national de la statistique, ont montré que le pourcentage d’analphabétisme s’élève à 12,9 % pour les femmes et les hommes vivant dans des zones communales, tandis qu’il augmente à 29,5 % dans les zones non communales. Ce taux d’analphabétisme varie entre les âges, il est de 2,8 % pour les groupes d’âge de 10 à 14 ans, mais grimpe à 79,8 % chez les personnes âgées de 80 ans et plus.

La région de Jendouba présente le taux d’analphabétisme le plus élevé de 31,6 %, ensuite on trouve Kasserine avec 30,2 %, et Siliana avec 29,7 %. La région de Ben Arous a enregistré le taux d’analphabétisme le plus bas, à 9,7 %. Toujours selon les chiffres de l’INS, le gouvernorat de Tunis a enregistré un taux de 10,1 %, et Monastir 10,5 % (2022). 

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