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Tunisie/ Tourisme Saharien : Des freins à son développement, dont l’autorisation de circuler dans le désert !

La Tunisie, pays réputé pour ses plages méditerranéennes, ses vestiges romains et son riche patrimoine culturel, offre également un trésor touristique souvent méconnu : le tourisme saharien.

Avec ses vastes étendues désertiques, ses oasis verdoyantes et ses paysages à couper le souffle, le sud tunisien abrite un potentiel touristique unique en son genre. Cependant, malgré cette richesse naturelle et culturelle, le tourisme saharien en Tunisie demeure largement inexploité, confronté à une série de défis majeurs.

Abdelfattah Mlik, voyagiste et président de la Fédération régionale des agences de voyages relevant de la FTAV de la région de Tozeur, met en lumière les problèmes qui entravent le développement de ce secteur pourtant prometteur.

Dans cet article, nous examinerons plus en détail ces défis auxquels est confronté le tourisme saharien en Tunisie, tout en explorant les solutions proposées par Mlik pour exploiter pleinement ce potentiel inexploité.

Des lois rigides freinent l’évolution du secteur

Abdelfattah Mlik souligne que les lois actuelles sont trop rigides pour permettre au secteur du tourisme saharien de se développer, malgré son fort potentiel. Il appelle à une révision des lois et des cahiers des charges régissant le secteur.

Le premier point à aborder concerne les autorisations nécessaires pour circuler dans le désert. Selon Mlik, il existe un manque de coordination entre le ministère du tourisme et celui de l’intérieur dans le processus d’obtention de ces autorisations. Il demande aux autorités de simplifier les demandes d’autorisation et de mettre en place une carte claire des zones accessibles.

« Quand l’une nous dit oui, l’autre nous dit non. De plus, il y a des endroits qui sont inaccessibles, mais nous ne savons pas vraiment lesquels », nous dit-il.

L’expert nous fait savoir que l’activité touristique dans la région de Tozeur a baissé d’environ 95% depuis l’âge d’or du tourisme saharien entre les années 2008 et 2010. En effet, 75% des hôtels du gouvernorat de Tozeur sont fermés. En ce qui concerne les agences de voyage, Mlik indique qu’en 2010, il y avait 580 véhicules 4×4 sur la région du Tozeur, aujourd’hui il n’en existe plus que 67.

« Et même si nous voulions en acheter, les concessionnaires nous disent qu’il n’y en a pas », ajoute Mlik.

Les deux raisons de ce déclin viennent de l’arrêt de l’événementiel d’entreprises dans la région et de la fuite des Tour Opérateurs vers d’autres destinations mieux organisées.

« Avant, nous pouvions travailler avec des groupes événementiels de 1000 touristes à la fois. Aujourd’hui à 300 nous ne pouvons pas car pas assez de voitures ni de chambres disponibles », relève Mlik.

Le financement, un obstacle majeur pour les opérateurs touristiques sahariens

Outre les problèmes législatifs, le financement constitue un autre obstacle au développement du tourisme saharien en Tunisie. Abdelfattah Mlik affirme que les banques sont de plus en plus réticentes à accorder des prêts aux voyagistes pour développer leur activité. « Les banques nous disent qu’il s’agit d’un secteur sinistré ».

Il déplore également les taux d’intérêt élevés pratiqués par ces banques, atteignant 14 %. Ce sont les opérateurs bancaires qui handicapent les projets avant même de pouvoir les commencer. Dans le monde entier, les taux d’intérêt sont de 3 % maximum, sauf en Tunisie où ils atteignent 14 %. »

L’accessibilité limitée de la région de Tozeur pour les touristes étrangers

Abdelfattah Mlik critique également le manque d’accessibilité de la région de Tozeur pour les touristes. Malgré l’existence de l’aéroport international Tozeur/Nefta, aucun vol direct avec l’Europe n’est actuellement disponible. Ce n’est que très récemment que le ministère du tourisme à annoncé décision de la mise en place de vols de la compagnie aérienne Transavia reliant Paris à l’aéroport Tozeur-Nefta à partir de la fin d’octobre 2023. Cependant, pour le moment, la région n’est accessible qu’avec une escale à Tunis, suivie d’un transfert en voiture d’au moins 6 heures sur des routes chaotiques.

« Entre Tunis et Tozeur, il y a environ 100 ralentisseurs non visibles. Certains touristes qui viennent par leurs propres moyens se plaignent de cela, et c’est un véritable frein », déplore Mlik.

Abdelfattah Mlik met en évidence le potentiel inexploité du tourisme saharien en Tunisie, en faisant référence à des attractions uniques telles que les maisons troglodytes de Midès et les lieux de tournage de la saga Star Wars. Cependant, le secteur fait face à des obstacles législatifs et financiers, ainsi qu’à des problèmes d’accessibilité. Pour remédier à cette situation, Mlik appelle à une révision des lois et des cahiers de charge, à une simplification des procédures administratives, à des taux d’intérêt bancaires plus compétitifs et à une meilleure connectivité aérienne avec la région de Tozeur. Seule une action concertée permettra de développer pleinement le potentiel du tourisme saharien en Tunisie.

Lors d’une séance ministérielle présidée par la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, le 6 juillet dernier, les principaux problèmes, défis et opportunités liés au développement du tourisme saharien et oasien ont été discutés. L’objectif étant de transformer cette forme de tourisme en un secteur durable.

Différentes mesures à court et moyen terme ont été examinées, notamment en matière de gouvernance, de révision du cadre législatif, de développement du produit touristique, de transport, de protection de l’environnement, d’investissement, de ressources humaines, de promotion et de commercialisation. L’objectif était de relancer ce type de tourisme dans la région et de lui redonner un nouvel élan.

Wissal Ayadi

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