Tunisie : Les Syndics de copropriété, un rôle souvent défaillant à l’origine du délabrement rapide des immeubles

Les syndics de copropriété en Tunisie pâtissent de nombreux problèmes de gestion. Pourtant, leur rôle est essentiel pour assurer le bon fonctionnement de la copropriété, la préservation de l’immeuble et la résolution des éventuels conflits entre les copropriétaires.
Entre le non paiement des frais de syndic, le laisser-aller de certains copropriétaires et la mauvaise gestion des responsables en charge du syndic, certaines résidence peuvent faire face à des difficultés importantes mettant en péril la valeur du bien mais aussi la réputation de la résidence en question.
Pour en savoir plus GnetNews s’est adressé à des professionnels du secteur.
Les missions d’un syndic de copropriété
Un syndic de copropriété joue un rôle essentiel dans la gestion harmonieuse et efficace des immeubles en copropriété. Chargé de nombreuses responsabilités administratives, financières et techniques, le syndic agit en tant qu’intermédiaire clé entre les copropriétaires, veillant à ce que les intérêts collectifs soient protégés et que l’immeuble soit entretenu dans les meilleures conditions possibles. Les missions du syndic sont multiples et variées.
– Gestion administrative : Le syndic doit convoquer et organiser les assemblées générales des copropriétaires, rédiger les procès-verbaux de ces réunions, assurer la communication entre les copropriétaires et faire respecter le règlement de copropriété.
– Gestion financière : Le syndic est responsable de la gestion des finances de la copropriété. Cela comprend la collecte des charges de copropriété, le paiement des dépenses courantes (entretien, électricité, eau, etc.), la constitution d’un fonds de travaux, la tenue d’une comptabilité précise et transparente, et la présentation des comptes annuels aux copropriétaires.
– Gestion technique : Le syndic doit veiller à l’entretien et à la maintenance de l’immeuble, ainsi qu’à la réalisation des travaux nécessaires pour préserver sa valeur et sa sécurité. Cela peut impliquer la gestion des contrats avec les prestataires de services (entretien, sécurité, nettoyage, etc.) et la supervision des travaux de réparation ou de rénovation.
– Gestion des litiges : En cas de conflits entre copropriétaires ou avec des tiers, le syndic peut jouer un rôle de médiateur ou de facilitateur pour résoudre les différends.
– Rapports : Le syndic doit fournir régulièrement aux copropriétaires des rapports sur la gestion administrative, financière et technique de la copropriété.
Syndic bénévole ou syndic professionnel : Que choisir ?
En Tunisie, la gestion des immeubles en copropriété est une préoccupation majeure pour assurer un environnement de vie agréable et durable. Deux formes principales de syndics de copropriété prévalent dans le pays, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients.
La première forme est représentée par le syndic bénévole, composé de copropriétaires élus lors de l’assemblée générale du syndic. Cette option, bien qu’économique, peut s’avérer exigeante en termes de temps et de compétences.
La deuxième option consiste, quant à elle, à faire appel à des sociétés professionnelles spécialisées dans la gestion de syndics. Selon Mohsen Chabbani, président du Groupement professionnel des agences immobilières, cette solution présente l’avantage de neutralité dans la prise de décision et évite que la gestion du syndic ne se transforme en « guerre de voisinage ».
Toutefois, la maturité de la notion de syndic de copropriété en Tunisie reste un défi. « Dans les immeubles récemment construits, le promoteur est chargé, par la loi, de la gestion du syndic de copropriété pendant un an. Après cette période, les copropriétaires doivent choisir entre une gestion interne ou externe », nous dit Mohsen Chabbani. En effet, il indique à cet égard que que ce changement peut laisser les copropriétaires désorientés quant aux responsabilités du syndic, entraînant souvent des problèmes importants au sein des copropriétés.
Beaucoup de mauvais payeurs…
Parmi les litiges courants, le non-paiement des charges de copropriété constitue une préoccupation majeure. « Souvent ce sont les locataires qui ne s’acquittent pas des frais de syndic, surtout quand le propriétaire du bien est à l’étranger », précise le président du Groupement professionnel des agences immobilières, Mohsen Chaabani.
Des témoignages viennent corroborer ces défis. Mme O., une copropriétaire dans une résidence d’un quartier de l’Ariana à Tunis, partage son désarroi : « Depuis plusieurs années, notre résidence se délabre. Les peintures des façades se délitent, les interphones ne marchent plus… Certains propriétaires doivent plus d’une dizaine de milliers de dinars au syndic, alors que d’autres s’acquittent chaque année de leurs dus honnêtement. »