Pain & produits alimentaires : Les pénuries commencent à peser sur les Tunisiens

Les pénuries de produits alimentaires se poursuivent en Tunisie. Les Tunisiens semblent pour autant s’être habitués à cette situation qui perdure malheureusement depuis de longs mois.
La dernière en date a concerné une des bases de l’alimentation des citoyens, le pain, menant à des files d’attente interminables devant les boulangeries.
Une situation alarmante qui a poussé la cheffe du gouvernement, Naja Bouden, à tenir une séance de travail dernièrement, afin de déterminer les causes de cette pénurie. Bouden a appelé à « la nécessité de fournir le pain subventionné à l’ensemble des citoyens et de durcir le contrôle sur tous les contrevenants ».
Le président de la république avait, auparavant, appelé à en finir avec la répartition des boulangeries, en classées et non-classées, et à revoir les textes juridiques y afférents.
Pour en savoir plus, nous nous sommes rendus dans une boulangerie « classée » de la capitale. 0 10h, une file d’attente importante était déjà formée avec des clients plutôt patients malgré la chaleur écrasante et la pression de la pénurie de pain. En interrogeant un client, il nous explique qu’il vient chercher du pain subventionné plusieurs fois par jour afin de ne pas tomber en panne. « Nous stockons le pain dans le congélateur car le pain est un aliment indispensable. J’ai 5 enfants à nourrir, et au vu de la hausse des légumes et de la viande, le pain permet de combler les choses que nous ne pouvons plus acheter », nous dit-il.
Une mère de famille nous interpelle également pour nous indiquer qu’elle a dû changer d’alimentation en raison de la pénurie de pain. « J’évite au maximum de faire des ragoûts en sauce, en favorisant les plats que l’on mange à la cuillère ».
De son côté, le boulanger indique qu’à cause du manque de farine à disposition des boulangeries, il est obligé de limiter la fabrication du pain. « Je prépare des baguette subventionnées 3 fois par jour. Le matin très tôt, à 10h puis à 12h, et c’est tout », nous confie-t-il. Les pains spéciaux sont également disponibles au prix en moyenne de 600 millimes selon la nature du pain (céréales, semoule, canette…).
Au même moment, GnetNews s’est également rendu dans un hypermarché de la capitale afin de faire un point sur les pénuries de produits alimentaires. Nous nous sommes d’abord attachés aux produits de base qui sont disponibles en intermittence. C’est le cas par exemple de la farine. Dans le rayons, seules les farines spéciales étaient exposés (baklawa, gâteau, pizza). Une cliente indique qu’elle vient tous les jours pour voir s’il y a de la farine. « La plupart du temps je repars bredouille, mais il m’arrive parfois d’en trouver. Il n’y a pas vraiment d’horaires. C’est au bonheur la chance », dit-elle en souriant.

Si cette dernière prend cela avec le sourire d’autres moins. Un autre client, lui est désespéré. « Cela fait des mois que cela dure. Cela devient pesant psychologiquement. Dans les boulangeries c’est la croix et la bannière pour trouver du pain et on ne peut même pas acheter de farine pour le faire soit-même à la maison. Où va-t-on ? », lance-t-il énervé.
Un peu plus loin au rayon semoule, c’est la même chose. La semoule fine est introuvable, quand soudain une salariée du magasin est apparue avec un chariot pour distribuer la semoule en limitant à deux paquet de 1 kilo par personne. C’est alors qu’une foule s’est précipitée dessus, vidant la cargaison en l’espace de seulement 5 minutes. « Nous faisons cela 2 fois par jour en moyenne en fonction de l’arrivage », nous a-t-elle souligné.
Aucune trace de sucre. Seule des paquets de cassonade (sucre brun) importés sont mis en vente pour la somme de 12DT le kilo.
Pour le riz, même constat. Seul un riz pour paella est disponible à 7,6DT le kilo. Le café pour cafetière à filtre est également toujours en pénurie.

Le rayon consacré à l’eau est aussi très peu ravitaillé. La marchandise se fait moindre en raison de la chaleur de ces derniers jours. Ainsi, les packs d’eau sont limités à 4 par personne. « A ce rythme ce sera bientôt deux par personne », nous confie le magasinier du supermarché.

A noter que les ministères de l’Intérieur et du Commerce ont décidé récemment de créer une salle d’opérations conjointe afin de prévenir les pénuries, dont celle du pain, à travers notamment l’intensification des contrôles dans les circuits de distribution.