L’État n’a dépensé que 13% de la compensation dédiée aux produits de base à fin juin 2023
Le ministère des Finances vient de publier le « Rapport semestriel du budget de l’État à fin juin 2023 », qui reprend pratiquement les mêmes données des résultats provisoires de l’exécution du budget de l’État à fin juin 2023.
Cependant, on en apprend plus sur la compensation, la rubrique consacrée au détail de la compensation ayant été retirée du tableau explicatif des résultats provisoires à fin juin. Seuls les taux avaient été laissés : on n’a pas su le montant dépensé par l’État en termes de compensation, mais on a pu savoir que 77,2% du montant a été consacré aux carburants, 11,2% au transport et 11% aux produits de base.
Dans ce nouveau rapport on apprend qu’entre juin 2022 et juin 2023, les dépenses de compensation ont augmenté de 61% à cause l’augmentation en besoin en carburant qui en hausse de 863 millions de dinars (MD). En parallèle, on apprend que la compensation des produits de base a diminué de 76 MD par rapport à la même période un an auparavant.
Ainsi, et sachant que la compensation de carburant était de 1.415 MD fin juin 2022 et celle des produits de base de 400 MD fin juin 2022, il en ressort que la compensation de carburant a atteint 2.278 MD fin juin 2023 (+60,98%) alors que la compensation des produits de base s’est située à 324 MD (-19%).
Rappelons que pour l’année 2023, le budget de la compensation a été fixé à 8.832 MD : 2.523 MD pour les produits de base, 5.669 MD pour le carburant et 640 MD pour le transport. Donc, l’État a dépensé seulement 12,84% du montant réservé à la compensation des produits de base alors qu’il a dépensé 40,18% du montant réservé à la compensation de carburant.
Des chiffres qui expliqueraient, en partie, le manque et les pénuries de plusieurs produits de base constatées sur le marché au cours du premier semestre (crise du pain, pénurie de riz, de sucre, de café, …).
Business News a contacté certains des bénéficiaires de la compensation et il s’avère qu’ils n’ont pas été payés depuis plusieurs mois. Le montant était de près de 900 MD en juillet 2023.
Aujourd’hui, on nous confirme que les industriels du secteur laitier n’ont pas reçu la compensation depuis avril 2022, soit 18 mois sans comptabiliser le mois de juillet 2023, soit 408 MD d’impayé. Idem pour les boulangers. L’État n’a pas honoré ses dus pendant quinze mois qui s’élèvent à 272 millions de dinars.
S’agissant du reste, nous n’avons pas les données actualisées. Les derniers chiffres sont ceux de juillet 2023. À cette époque, les centrales de collectes de lait (qui payent les agriculteurs) n’avaient pas reçu trois trimestres (T3 2002, T4 2022 et T1 2023) soit 80 MD. Les meuniers n’avaient pas été payés depuis mai 2022 (quatorze mois) pour un montant total de 91 millions de dinars. Et les industriels des pâtes alimentaires et couscous n’avaient pas été payés, non plus, depuis août 2021 (22 mois) pour un montant de 172,5 MD.
Malheureusement, ce n’est pas les seuls impayés de l’État. Plusieurs autres fournisseurs de l’État n’ont toujours pas été payés pendant plusieurs mois. À titre d’exemple, le montant que doivent l’État et ses entreprises publiques au secteur du BTP est de l’ordre de 500 à 600 MD. Les arriérés de l’État vont de six mois à deux ans.
Bien sûr ces retards ont obligé les professionnels à recourir à l’emprunt pour combler ce manque de trésorerie (alors que le taux directeur a atteint 8%), mais ils ont atteint les limites de leurs capacités. D’autres, font carrément face à la faillite, car ils ne sont plus capables de payer l’impôt et les charges sociales.