Karim Krifa : les éléments constitutifs des crimes imputés à Abir Moussi ne sont pas établis !
Karim Krifa, avocat et membre du comité de défense de la présidente du Parti destourien libre (PDL), est revenu, mardi 28 novembre 2023, sur l’affaire d’Abir Moussi. Placée en détention depuis le 3 octobre 2023, la présidente du parti fait face à de graves accusations passibles de la peine de mort. Elle a annoncé la veille, lundi 27 novembre, qu’elle entamait une grève de la faim.
Invité d’Elyes Gharbi dans l’émission Midi Show, Karim Krifa a rappelé les péripéties ayant amené à la détention d’Abir Moussi, notamment la procédure engagée par le PDL pour déposer un recours contre les décrets sur l’organisation des élections locales et régionales. Il a affirmé que le PDL ne reconnaît pas la légitimité de ce processus.
Karim Krifa a qualifié l’arrestation d’Abir Moussi de kidnapping qui s’est fait dans la violence, alors qu’elle est connue pour être une personne respectant la loi et très procédurale. Il a nié que la présidente du PDL ait violé la loi en diffusant un live dans la ruelle adjacente au bureau d’ordre du palais de Carthage. « Comment peut-on condamner une personne à la peine capitale pour avoir filmé dans un endroit où rien ne démontre qu’il était interdit de tourner ? », s’est-il indigné.
Le membre du comité de défense a dénoncé le non-respect des procédures lors de son arrestation, notamment l’article 46 organisant la profession d’avocat. Karim Krifa a aussi souligné que les éléments du crime ne sont pas établis : « On ne comprend pas comment elle est accusée sur la base de l’article 72 du code pénal. C’est une affaire foncièrement politique et rien d’autre. Abir Moussi est incarcérée parce qu’elle a voulu éclairer l’opinion publique sur le contenu de ces décrets électoraux très flous ».
Karim Krifa a précisé que la grève de la faim entamée par Mme Moussi sera ouverte pour dénoncer les violences politiques et les injustices qu’elle subit. « Abir Moussi est à la prison de la Manouba parce qu’elle s’est exprimée et a dénoncé les pratiques du régime. Lors de son audition chez le juge d’instruction, elle a été interrogée pendant cinq heures. On a prouvé qu’il n’y avait pas d’éléments constitutifs des crimes qu’on lui impute. Où sont les armes avec lesquelles elle tentait de renverser le régime ? Qui sont les personnes dont les données personnelles ont été violées par le live ? On a demandé à ce que les caméras de surveillance soient examinées, mais la justice refuse. Comment peut-on qualifier cela ? », s’est ainsi exclamé Karim Krifa, avant de conclure en appelant à la libération de la présidente du PDL.
Abir Moussi est accusée entre autres d’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le désordre, le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien. Elle est également accusée de traitement des données à caractère personnel sans l’autorisation de la personne concernée.