Kaïs Saïed a-t-il récupéré des milliards de l’argent détourné à l’étranger ?

Une chaîne sur YouTube portant le nom « Tounes 24 » a publié le 29 août 2023, une vidéo affirmant que le président de la République, Kaïs Saïed avait récupéré des fonds détournés à l’étranger. Le titre de la vidéo se présente comme suit : « Kaïs Saïed choque les banques suisses et récupère des milliards à l’étranger. ».
La vidéo parle de la rencontre du président de la République avec Mohamed Laraki, ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières, ainsi qu’Ali Abbas, chargé du contentieux de l’État. Selon la vidéo, le président aurait déclaré : « Si les Tunisiens avait récupéré les fonds détournés à l’étranger, ils n’auraient pas connu la crise financière actuelle, et la Tunisie aurait été l’un des pays les plus riches du monde. ». La vidéo affirmait également que Kaïs Saïed avait soulevé de nouvelles affaires pour récupérer l’argent détournés.
Nous avons vérifié la vidéo et les déclarations qui y sont faites, et contrairement au titre de la vidéo, le président n’a pas annoncé la récupération des fonds détournés à l’étranger. De plus, il n’a pas précisé le montant exact des fonds, que la vidéo prétendait être de plusieurs milliards de dinars. Le président de la République, Kaïs Saïed, avait reçu lundi 28 août 2023 au Palais de Carthage, le ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières, Mohamed Rekik et le chargé du contentieux de l’État, Ali Abbes.
Lors de cette rencontre, Kaïs Saïed a appelé à accélérer la présentation de demandes accompagnées de toutes les preuves pour prolonger le gel des avoirs détournés à l’étranger, sachant que la date limite de présentation de ces demandes est la fin du mois en cours, et que tout retard pourrait bénéficier à ceux qui ont pillé les biens du peuple tunisien pendant des décennies.
Le chef de l’État a également appelé à soulever de nouvelles affaires contre tous ceux qui se sont emparés des ressources du peuple tunisien après le 14 janvier 2011.
Le président a souligné qu’il aurait dû présenter les demandes de report il y a quelque temps, bien avant deux jours seulement avant la date d’échéance.
Durant cette réunion, les mesures prolongées et les conditions très peu favorables imposées par certains pays et institutions financières où se trouvent les avoirs détournés ont été discutées aussi.
Le président de la République a souligné que si le peuple tunisien récupérait ces fonds, qui se chiffrent en milliards dans des comptes bancaires, des biens immobiliers et des biens mobiliers, il n’aurait pas connu cette crise financière, car ces fonds sont entre leurs mains et ils veulent nous prêter selon leurs conditions, selon ses dires.
La réunion a également abordé la nécessité que l’action diplomatique soit menée parallèlement à l’action judiciaire, et il est impératif de soulever ces questions dans le cadre des organisations internationales et régionales afin de coordonner les positions des pays affectés par la saisie de leurs richesses
En l’absence de chiffres officiels sur le montant de cet argent détourné, une branche de l’organisation Transparency International en Tunisie estime ces fonds à environ 23 milliards de dollars, tandis que le président de la République, Kaïs Saïed, a déclaré que « la valeur des fonds détournés du pays est estimée à 13,5 milliards de dinars environ cinq milliards de dollars, (selon le rapport de feu Abdel Fattah Omar s’élèvent à environ 13,5 milliards de dinars).
Le 19 mars 2021, la présidence de la République a annoncé dans un communiqué qu’elle avait récupéré une somme de 3 millions de dinars des banques suisses.
La Tunisie a déjà récupéré 28,8 millions de dollars américains, soit environ 87 millions de dinars tunisiens, en avril 2013.
Pour rappel, un compte spécial a été ouvert en vertu du décret de la loi de finances pour l’année 2012, appelé Fonds des fonds et des biens saisis ou récupérés au profit de l’État. Les revenus de ce fonds ont atteint 1 827 millions de dinars jusqu’à octobre 2020, dont 1 714 millions de dinars ont été injectés dans le budget de l’État, ce qui équivaut à 94 % du total des recettes.
De plus trois commissions chargées de geler les avoirs et les biens et d’en disposer ont été créées en 2011. La première d’entre elles est la Commission de confiscation établie au sein du ministère des Domaines de l’État et des Affaires immobilières, par le décret numéro 13 de l’année 2011. Cette commission est responsable de la confiscation des biens appartenant à l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et à son épouse, ainsi que de 112 noms supplémentaires mentionnés dans le décret.
D’après l’ancien ministre des Domaines de l’État par intérim, Ahmed Adhoum la commission a traité 6343 dossiers, aboutissant à 2719 décisions de confiscation des biens des personnes concernées par ce décret, soit 114 personnes au total, ainsi que le dépôt de 1570 affaires devant les tribunaux administratifs et judiciaires, et ce jusqu’à juin 2021.