Israël poursuit ses frappes sur Gaza, Netanyahu condamne la «sauvagerie» du Hamas

SDÉROT: De nouveaux raids israéliens ont frappé mercredi Gaza, où des immeubles entiers ont été détruits, en riposte à l’attaque sanglante lancée par le mouvement palestinien Hamas, qui a traumatisé Israël et déclenché une guerre dont les morts se comptent déjà par milliers.
L’armée israélienne a annoncé le chiffre impressionnant de 1 200 Israéliens tués, pour la plupart des civils non armés, tandis que dans la bande de Gaza le bilan s’élève à 1 055 morts, selon les autorités locales.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié l’offensive massive, d’une ampleur sans précédent déclenchée depuis Gaza contre Israël le 7 octobre à l’aube, de « sauvagerie jamais vue depuis la Shoah », promettant que son pays allait « vaincre avec de la force, énormément de force ».
Cette attaque a provoqué la sidération dans le pays, où au moins 169 soldats ont été tués en quatre jours, selon l’armée, où se multiplient les récits glaçants de témoins et de rescapés, et où l’inquiétude grandit sur le sort de centaines de personnes disparues ou otages.
Parmi ces otages se trouvent des jeunes capturés pendant un festival de musique, où des combattants ont fait irruption samedi, tuant 270 personnes selon les autorités. Figurent également des habitants de kibboutz près de Gaza.
Israël a riposté en pilonnant sans relâche l’enclave palestinienne, mobilisé 300.000 réservistes et déployé des dizaines de milliers de soldats autour de Gaza et à sa frontière nord avec le Liban.
La bande de Gaza, une enclave pauvre et exiguë contrôlée par le Hamas depuis 2007, où s’entassent 2,3 millions de Palestiniens, est désormais en état de siège.
Israël y a coupé les approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture. La seule centrale électrique du territoire est à l’arrêt faute de carburant et ses hôpitaux, qui manquent de matériel, sont débordés par l’afflux de blessés.
L’ONU a affirmé que le siège total de Gaza, où plus de 263.000 personnes ont déjà été déplacées par la guerre, était « interdit » par le droit international humanitaire.
Les seuls survivants
Dans la nuit de mardi à mercredi, des bombardements ont fait au moins 30 morts à Gaza, touchant des dizaines d’immeubles, des usines, des mosquées et des magasins, a annoncé le gouvernement du Hamas. Selon l’armée israélienne, plusieurs cibles du mouvement islamiste ont été touchées.
Au matin, des femmes, leurs enfants dans les bras, fuyaient entre les décombres des immeubles, dans des rues dévastées de la ville de Gaza.
Mazen Mohammad a passé la nuit au rez-de-chaussée, terré avec sa famille, pendant que des explosions faisaient trembler son quartier, avant de sortir et de découvrir les destructions. « C’était comme dans une ville fantôme, comme si nous étions les seuls survivants », témoigne cet homme de 38 ans.
Des avions de combat israéliens ont aussi bombardé une université islamique de la bande de Gaza liée au Hamas.
Dans la journée, un hôpital d’Ashkelon, dans le sud d’Israël, a été touché par des tirs de roquettes du Hamas, a annoncé un porte-parole.
L’offensive du Hamas a suscité de multiples condamnations internationales, ainsi que des inquiétudes face à l’éventualité d’un assaut terrestre sur Gaza tandis que la situation reste tendue à la frontière d’Israël avec le Liban.
Mercredi, l’armée israélienne a frappé une nouvelle fois le sud du Liban, en riposte à des tirs de roquettes revendiqués par le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas.
Une morale
Dans la zone frontalière de Gaza, un journaliste de l’AFP a vu des dizaines de chars et véhicules militaires, et de nombreux postes de contrôle tenus par des soldats israéliens.
L’armée, qui a repris le contrôle d’une dizaine de localités dans ce secteur, avait annoncé mardi avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas.
D’autres combattants sont « restés sur le terrain », a déclaré mercredi un porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, ajoutant que les soldats avaient tué 18 d’entre eux la veille.
Des corps d’Israéliens, « tués dans les localités que le Hamas a infiltrées et où ils ont commis leurs massacres », ont également été découverts, a annoncé un autre porte-parole, Jonathan Conricus.
« Le bilan atteint le chiffre impressionnant de 1.200 morts, en écrasante majorité des civils », a-t-il dit.
Dans la bande de Gaza, outre le bilan officiel de 1.055 morts, quatre secouristes du Croissant-Rouge palestinien ont été tués mercredi par des frappes israéliennes.
A Sderot, une ville du sud d’Israël proche de Gaza, des douilles parsèment la chaussée et des explosions résonnent au loin.
« L’armée fait ce qu’elle doit faire. Elle ne tue pas des femmes ou des enfants, ne massacre pas des bébés. Elle a une morale », commente Weizman Nissan, 72 ans, un vétéran de l’armée israélienne qui habite la ville.
Méfiance grandissante
Samedi à l’aube, après avoir franchi la barrière frontalière qu’Israël considérait imprenable, des centaines de combattants du Hamas s’étaient engouffrés depuis la bande de Gaza dans des localités du sud du pays, allant de maison en maison, abattant des citoyens ou les enlevant.
L’offensive terrestre, aérienne et maritime a surpris Israël en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot.
Environ 150 otages, selon une estimation des autorités, Israéliens ou étrangers, parmi lequels des femmes, enfants ou vieillards, sont aux mains du Hamas qui a menacé de les exécuter.
Dans les villes israéliennes, plongées dans un calme inhabituel, certains évoquent une méfiance grandissante entre juifs et membres de la minorité arabe.
« Les Israéliens ont peur des Arabes et les Arabes ont peur des Juifs. Maintenant, tout le monde a peur les uns des autres », confie Ahmed Karkash, 35 ans et propriétaire d’un magasin de souvenirs à Jérusalem.
Le président américain Joe Biden a promis qu’il aiderait son allié à se défendre face au « mal à l’état pur » et le secrétaire d’Etat Antony Blinken est attendu en Israël jeudi. L’armée israélienne a en outre annoncé qu’un premier avion transportant des armes américaines était arrivé en Israël.
Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé vouloir par cette offensive « mettre fin aux crimes de l’occupation », en référence à l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
Israël avait retiré ses troupes et évacué les colons de la bande de Gaza en 2005 après avoir occupé ce territoire depuis 1967.
Mais il a gardé le contrôle de l’espace aérien et des eaux territoriales et imposé un blocus depuis 2007, contrôlant strictement le passage des biens et des personnes entre Israël et l’enclave.