Israël pilonne Gaza où le bilan monte, le Hamas envoie «un barrage de roquettes»
L’armée israélienne bombarde samedi la bande de Gaza où le bilan des victimes s’alourdit, le gouvernement israélien déplorant une « impasse » dans les négociations avec le Hamas au lendemain de l’expiration d’une trêve avec le mouvement islamiste palestinien.
La branche armée du Hamas et celle du Jihad islamique affilié, ont par ailleurs annoncé avoir tiré samedi « des barrages de roquettes » visant plusieurs villes d’Israël, notamment Tel-Aviv, sans faire de victimes.
L’armée israélienne a indiqué avoir frappé de son côté « plus de 400 cibles » dans le petit territoire palestinien surpeuplé, depuis la reprise des hostilités vendredi matin, dont 50 dans la région de Khan Younès (sud).
Le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien assiégé, fait désormais état d’un bilan de plus de 240 morts et 650 blessés depuis la fin de la trêve.
La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée par une attaque sanguinaire sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre, qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.
En représailles, Israël a mené des bombardements dévastateurs contre le territoire palestinien, où il a lancé le 27 octobre une offensive terrestre.
Selon le gouvernement du Hamas, plus de 15.000 personnes, dont plus de 6.150 de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes depuis le 7 octobre.
Redoubler d’efforts
Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve, qui avait permis la libération d’une centaine d’otages en échange de celle de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l’accélération de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël notamment, a dit avoir « proposé un échange de prisonniers et de personnes âgées » parmi les otages, ainsi que la remise à Israël des corps de captifs « morts dans les bombardements israéliens ».
Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé le mouvement islamiste d’avoir « violé l’accord » et « tiré des roquettes » vers Israël.
Depuis la conférence sur le climat COP28 à Dubaï, le président français Emmanuel Macron a par ailleurs jugé samedi que l’objectif d’Israël d’une « destruction totale du Hamas » devait être « précisé », car il risquait d’engendrer « dix ans » de guerre.
Il a appelé à « redoubler d’efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable », estimant que la « sécurité » d’Israël ne pourra être garantie si elle « se fait au prix des vies palestiniennes, et donc du ressentiment de toutes les opinions publiques dans la région ».
Morgue engorgée
Samedi, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé que l’hôpital al-Awda, l’un des rares à être encore opérationnels dans le nord de la bande de Gaza, avait été en partie touché par une frappe vendredi.
Fadel Naïm, médecin-chef à l’hôpital Ahli Arab de Gaza, a lui rapporté à l’AFP avoir reçu 30 cadavres samedi à la morgue, dont ceux de sept enfants.
A l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, la morgue est de nouveau engorgée alors que les tirs israéliens se concentrent désormais sur la ville.
« Mon fils Mohammed essayait de sortir les femmes et les enfants de notre tente » d’un camp de fortune monté dans une école, raconte Joumana Saïd à l’AFPTV.
« Mais un éclat de bombe l’a touché à la tête, elle a explosé », lâche-t-elle encore, avant d’éclater en sanglots.
Quasiment plus d’eau potable, plus d’électricité et très peu de nourriture: l’ONU a alerté sur un risque de famine « immédiat » pour les Gazaouis.
Entrevoir une chance
En Israël, les familles et proches d’otages continuent de se mobiliser pour demander la libération des leurs après la confirmation vendredi soir par l’armée israélienne de la mort de cinq otages retenus dans la bande de Gaza.
Des centaines de personnes ont manifesté samedi à Tel-Aviv pour demander la libération des 136 otages encore détenus à Gaza par le Hamas et d’autres groupes. Beaucoup portaient des posters avec les photos des captifs.
Cent dix otages ont été relâchés depuis le début du conflit, dont 105 pendant la trêve, en majorité des femmes et des mineurs, selon les autorités israéliennes.
Vendredi, des manifestants s’étaient déjà rassemblés sur une place de Tel-Aviv, désormais connue comme la Place des Otages.
« On nous a fait entrevoir une chance que les gens sortent, nous rejoignent et reprennent leur vie d’avant », avait témoigné, ému, Ilan Zecharya, oncle de l’otage Eden Yerushalmi, âgée d’une vingtaine d’années.
« A tous, à notre pays, nous demandons un nouveau dispositif » pour la « libération de tout le monde », avait-il imploré.