Israël a retrouvé 1 500 corps de combattants du Hamas sur son sol, Gaza toujours pilonnée
JERUSALEM: Israël a annoncé mardi avoir retrouvé environ 1.500 corps de combattants du Hamas sur son sol, quatre jours après l’offensive de grande ampleur lancée depuis la bande de Gaza par le mouvement islamiste palestinien, qui a enlevé quelque 150 personnes sur le territoire israélien.
Après avoir franchi samedi matin la barrière frontalière qu’Israël considérait imprenable, des hommes armés du Hamas s’étaient engouffrés dans des localités juives du sud d’Israël, étaient allés de maison en maison, abattant des citoyens ou les enlevant pour les ramener à Gaza.
L’armée israélienne pilonne depuis cette enclave palestinienne contrôlée depuis 2007 par le Hamas, après les attaques terrestres, aériennes et maritimes sans précédent du mouvement islamiste, qui ont provoqué la sidération en Israël où elle sont comparées aux attentats 11 septembre 2001.
« Nous sommes déjà au cœur de la campagne mais ce n’est que le début, nous allons vaincre (le Hamas) avec de la force, énormément de force », a averti lundi soir le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
« Environ 1.500 corps de (combattants) du Hamas ont été retrouvés en Israël autour de la bande de Gaza », a déclaré mardi le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l’armée israélienne dont les propos témoignent de l’ampleur de l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël. L’armée avait jusque-là évoqué un millier de combattants palestiniens infiltrés.
« L’armée a plus ou moins repris le contrôle de la clôture à la frontière » avec Gaza « mais des infiltrations peuvent encore arriver », a ajouté le colonel Hecht.
«Siège total»
Plus de 900 personnes ont été tuées en Israël depuis le début de l’offensive samedi, 250 d’entre elles lors d’une rave party organisée dans le désert israélien, et 2.616 blessées, selon les autorités. Côté palestinien, 687 personnes ont été tuées et 3.727 blessées, selon les autorités locales.
Nombre de ressortissants d’autres pays, certains ayant aussi la nationalité israélienne, ont été tués dans l’offensive du Hamas, notamment 18 Thaïlandais, 10 Népalais, 11 Américains, sept Argentins, deux Ukrainiennes, deux Français, un Russe, un Britannique, un Cambodgien et un Canadien, selon les autorités de ces pays.
Les Etats-Unis, qui ont commencé dimanche à envoyer de l’aide militaire à Israël avec de nouvelles munitions et à rapprocher leur groupe aéronaval en Méditerranée, ont affirmé lundi soir n’avoir « aucune intention d’envoyer des troupes », selon un porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.
Israël a imposé lundi un « siège total » à la bande de Gaza, tandis que le Hamas a menacé d’exécuter des otages enlevés en Israël en réaction aux frappes israéliennes sur cette bande de terre exigüe où s’entassent plus de deux millions d’habitants.
Des dizaines de milliers de soldats israéliens sont déployés autour de la bande de Gaza.
Israël a retiré ses troupes et évacué les colons de la bande de Gaza en 2005 après avoir occupé ce territoire depuis 1967. Mais il a gardé le contrôle de l’espace aérien et des eaux territoriales et a imposé un blocus depuis 2007, contrôlant strictement le passage des biens et des personnes entre Israël et l’enclave palestinienne.
Dans la foulée de l’annonce du « siège » de Gaza, Israël a ordonné la « coupure immédiate » de l’approvisionnement en eau de l’enclave, après les suspensions des livraisons d’électricité et de nourriture.
L’armée a par ailleurs annoncé avoir tué « plusieurs suspects armés » qui s’étaient infiltrés en Israël à partir du Liban.
Le Hezbollah libanais, bête noire d’Israël, a affirmé lundi avoir bombardé deux casernes israéliennes, en réponse à la mort de trois de ses membres par des bombardements israéliens sur une zone frontalière dans le sud du Liban, sur fond de craintes d’escalade sur un autre front.
«Jérusalem, ville fantôme»
Depuis l’attaque du Hamas, « Jérusalem est une ville fantôme », déplore Mary Bahba, une quadragénaire palestinienne visiblement très inquiète de la suite des événements. « Les gens ont peur, ils doivent aller travailler, mais ils craignent d’être maltraités dans les rues israéliennes à cause de la guerre ».
L’offensive du Hamas a été lancée 50 ans et un jour après la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël totalement par surprise et fait 2.600 morts côté israélien en trois semaines de combats.
Les Brigades Al-Qassam, branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché cette offensive majeure pour « mettre fin aux crimes de l’occupation », en référence à l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
L’attaque du Hamas a été condamnée par de nombreux pays occidentaux. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, tout en reconnaissant les « inquiétudes légitimes d’Israël pour sa sécurité », s’est dit « profondément bouleversé » par l’annonce des autorités israéliennes du « siège complet » de la bande de Gaza.