Interrogations sur l’évasion de la Mornaguia
L’évasion de cinq prisonniers de la prison de la Mornaguia, réputée être la plus sécurisée du pays, est le sujet du jour en Tunisie.
Si l’information a été ébruitée, c’est grâce à l’avis de recherche émis par le ministère de l’Intérieur. Autrement, personne n’aurait rien su puisque le ministère de la Justice, autorité de tutelle de l’administration carcérale, maintient un silence total.
À vrai dire, ce n’est pas la première fois qu’il y a une évasion dans une prison tunisienne, mais le ministère n’a jamais communiqué. Son silence aujourd’hui est donc des plus habituels, contrairement à ce qui se passe dans les pays développés.
Pourquoi alors le ministère de l’Intérieur a choisi de communiquer cette fois, rompant ainsi la classique loi de l’omerta suivie jusque là par l’État, tous régimes confondus ? Est-ce un coup de Kamel Feki contre sa collègue Leila Jaffel ?
Alors que tout le monde s’interrogeait sur l’évasion et la médiatisation de l’affaire, des photos de la cellule ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. On y voit les barreaux de la fenêtre sciés, l’intérieur de la cellule, l’extérieur sous la fenêtre par laquelle les prisonniers se sont évadés et le mirador dont l’une des fenêtres pend une corde.
Ce qu’il faut savoir est que prendre des photos de la prison est strictement interdit. Comment alors ces photos ont été prises et par qui ? Qui les a ensuite diffusées sur les réseaux sociaux ? Ce qui est certain, c’est que celui qui a pris les photos était autorisé à le faire. Le fait de les rendre publiques sans autorisation est juste insensé.
Autre interrogation, tous ceux qui ont eu à entrer à la prison de la Mornaguia (prisonniers, avocats, journalistes, ONG…) connaissent très bien les mesures de sécurité draconiennes dans cette prison. Présenter des prisonniers sciant des barreaux, atteindre le mirador et y accrocher une corde avant de s’évader semble quelque chose d’impossible pour ces gens qui connaissent la Mornaguia. D’autant plus impossible avec la présence de caméras de surveillance et de gros projecteurs installés justement dans le but de sécuriser les lieux.
Une évasion de prison, ça soulève systématiquement des questions d’ordre sécuritaire. Celle du 31 octobre soulève des questions à la fois sécuritaires et politiques.