Intégration de la Tunisie à la liste négative du FMI : le recours aux emprunts sera difficile, selon les experts
L’intégration de la Tunisie à la liste négative du Fonds monétaire international (FMI) et cela pour la première fois depuis son adhésion au FMI en 1958 a fait couler beaucoup d’encre.
Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, est revenu, lundi 8 janvier 2024, sur cette intégration à liste négative, en rappelant que cela est dû au fait du retard de la visite du fonds au pays depuis l’accord technique d’octobre 2022 et la position de la présidence de la République en ce qui concerne ce qu’elle considère comme les directives du FMI. Et de noter que la visite qui était prévue à partir du 5 décembre jusqu’au 17 décembre 2023, mais elle a été reportée (la visite devant être annuelle alors que la dernière évaluation publiée par le FMI sur la Tunisie date de février 2021, ndlr).
La liste négative regroupe les pays où l’achèvement des consultations au titre de l’article IV avait été retardé de plus de 18 mois au 15 décembre 2023.
Au micro de Hatem Ben Amara dans l’émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, l’universitaire a prévenu qu’il y a des échéances importantes de remboursement de crédit et cela dès le début de l’année :
- en janvier : 90 millions de dollars échéances FMI, cinquante millions de dollars à l’Arabie saoudite, quatorze millions de dollars au Fonds monétaire arabe, 702 millions dinars échéances d’un emprunt obligataire sur 52 semaines, 383 millions dinars échéances de l’emprunt obligataire)
- en février : 850 millions d’euros emprunt obligataire auprès du marché international émis en 2017, quatorze millions de dollars échéances emprunt Fonds monétaire arabe
Certes, il y a actuellement des réserves en devises, mais il faut avoir diverses sources pour les alimenter, sinon le pays aura des difficultés à s’approvisionner en produits de base, en équipements et machines ainsi qu’en matières premières.
Et de souligner qu’on ignore encore la provenance de 10,3 milliards de dinars en devises. Pour lui, il est nécessaire d’éclairer la situation pour les emprunts extérieurs, via la mise ne place d’un programme clair concernant les sources de financement.
Et donc, si le FMI ne nous accorde pas de fonds, il faut alors spécifier l’alternative, en rappelant que la LF 2024 a écarté le fait de contracter des emprunts auprès l’Union européenne, la France, l’Allemagne et l’Italie. En parallèle, emprunter auprès des pays arabes s’annonce difficile, voire improbable, surtout que la Tunisie a intégré cette liste négative car le simple fait d’être sur cette liste signifie que la Tunisie n’a pas l’intention de faire des réformes économiques, ce qui pose des problèmes pour le remboursement.