Ezzeddine Saidane : sur les huit navires acheminant des céréales, deux seulement ont été payés
L’expert économique Ezzeddine Saidane a insinué, mercredi 4 octobre 2023, que la Tunisie serait incapable de sortir de la crise, seulement en comptant sur elle-même. Et de noter dans ce cadre que sur les huit navires acheminant des céréales, et qui étaient en rade au large de la Tunisie, seulement deux ont été payés et ont pu décharger leurs cargaisons.
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Interrogé par Hatem Ben Amara dans l’émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM si la Tunisie est capable de sortir de la crise en comptant sur elle-même, l’économiste a esquivé la question, en parlant d’un exemple concret. Il a ainsi rappelé que la récolte de céréales pour 2023 n’est suffisante que pour les semences et que de ce fait, les besoins de la Tunisie seront importés. En se référant aux cours actuels des céréales, il estime que le montant nécessaire serait de l’ordre de quatre milliards de dinars. Et de s’interroger si la Tunisie a été capable d’importer cette denrée.
Il a ainsi précisé que sur les huit navires qui avaient accosté au large de la Tunisie, seulement deux ont été payés et ont pu décharger leurs cargaisons. Et de surenchérir : « lorsque la marchandise du navire a été payée, le ministre de l’Agriculture est allé en personne pour le déchargement de la cargaison, comme si c’était un événement national à fêter ! ».
Mi-août 2023, Echaâb News, organe médiatique de la centrale syndicale UGTT, avait indiqué que huit navires sont en attente de paiement pour décharger leur cargaison de céréales, alors que la crise du pain battait son plein.
M. Saidane s’est interrogé si la Tunisie est capable d’importer en dinars les céréales ou les médicaments, pour démontrer que le pays a besoin de l’extérieur.
Interrogé sur les avoirs spoliés et les fonds que devront payer ceux qui sont concernés par la conciliation pénale et qui auraient des comptes en devises, l’expert a martelé : « Ramenez ces fonds, pour qu’on puisse réformer le pays ! Mais, les bavardages ne résolvent pas les problèmes et ne payent pas les navires de blé, les services de la dette ou des médicaments ! »
Et de marteler : « Si la situation de la Tunisie est meilleure que celle décrite par les experts économiques, dites-le ! Pourquoi ne pas avouer que la situation du pays est délicate et qu’on doit entamer les réformes ? », en rappelant que la croissance au deuxième trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent était négative, en se référant aux statistiques de l’Institut national de la statistique (INS).
Interpelé par le chroniqueur de l’émission ayant expliqué que les réformes imposées par le Fonds monétaire international (FMI) sont en train d’être réalisées avec la campagne de vérification des diplômes et avec le manque de produits de base sur le marché, l’expert a rétorqué que l’institution financière n’a rien imposé à la Tunisie, qu’il s’agit d’un programme de réformes proposé par les autorités tunisiennes. D’ailleurs, les programmes proposés au fonds, depuis 2013, sont axés sur les mêmes points.
Ezzeddine Saidane a noté que le FMI a une responsabilité morale car avec sa validation, il donne le feu vert aux autres bailleurs de fonds pour prêter à la Tunisie, étant en quelque sort le garant que la Tunisie va pouvoir respecter ses engagements, grâce à une sortie de crise. Et de souligner que le plus important pour le FMI c’est que les fonds prêtés permettront au pays de résoudre ses problèmes structurels.