Chkoundali : les PLF 2024 et PLF rectificative 2023 ne reflètent pas la vision du chef de l’État
Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, est revenu, jeudi 2 novembre 2023, sur sa lecture des projets de la loi de finances 2024 et de la loi de finances rectificative 2023.
https://www.facebook.com/plugins/video.php?height=314&href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2FRadio.JawharaFM%2Fvideos%2F601802238662390%2F&show_text=false&width=560&t=0
Au micro de Hatem Ben Amara dans l’émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, l’enseignant estime que ces projets ne reflètent pas la vision du président de la République, Kaïs Saïed.
« Quand je lis le projet de la loi de finances 2024 (PLF) je constate qu’il n’y a pas de cohérence dans les choix comme si les institutions de l’État n’avait pas de fil conducteur et une harmonie dans le discours officiel qui doit réunir l’adhésion de tout le monde », soutient-il.
Et d’expliquer que selon la nouvelle constitution, le chef de l’État désigne les membres du gouvernement et choisit les grandes orientations politiques du pays. Ainsi, le gouvernement doit adhérer à cette vision.
M. Chkoundali relève, dans ce cadre, plusieurs incohérences. Il indique que le chef de l’État a affirmé que la Tunisie devait compter sur elle-même alors que dans le PLF 2024, il y a une hausse exorbitante de l’endettement extérieur. En outre, tous les Tunisiens connaissent la position du chef de l’État par rapport au Fonds monétaire international (FMI), mais le PLF 2024 est en train de mettre en œuvre plusieurs recommandations du fonds.
L’expert estime que pour compter sur soi, il faut une stratégie et une vision économique claire. Or, « le gouvernement lui-même ne sait pas où il va », a-t-il déclaré.
S’agissant du projet de la loi de finances rectificative 2023 (PLF rectificative 2023), le professeur universitaire considère que la hausse du budget de plus de douze milliards de dinars par rapport au budget de 2022 est exorbitante et jamais atteinte depuis l’indépendance. Même lors de la pandémie, le budget n’a augmenté que de six milliards de dinars, affirme-t-il. Alors que l’augmentation du budget prévu pour 2024 est de 6,6 milliards de dinars. Cette augmentation de 16,8 milliards de dinars en deux ans est équivalente au budget de 2010 (16,6 milliards de dinars), toujours selon ses dires.
Si cette hausse était destinée à des investissements, il n’y aurait pas de problème (car se répercutant en termes de croissance et emplois, ndlr), explique-t-il. Or, en 2023 et malgré cet énorme budget, la croissance attendue n’est que de 0,9% pour une inflation de 10% et un endettement public en hausse de 12,4% passant de 114,8 milliards dinars en 2022 à 127,2 milliards dinars en 2023. L’endettement extérieur a, pour sa part, évolué de 7,4 milliards de dinars en 2022 à 10,6 milliards dinars en 2023.
La signature d’un accord avec le FMI en 2023 aurait permis, selon lui, d’assurer des ressources avec un moindre coût. Certes, il y a des conditions, mais ces conditions dépendent de la capacité du groupe de négociation et le fait d’y aller sans vision ne peut pas aider. Pour lui, il fallait négocier avec le FMI dans une logique de force et non pas de faiblesse.