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Charles III au Kenya pour sa première visite dans un pays du Commonwealth

Le couple royal sera accueilli mardi par le président William Ruto dans la capitale Nairobi. Durant deux jours, il doit rencontrer des entrepreneurs, des jeunes, participer à un banquet d’Etat, visiter un nouveau musée dédié à l’histoire du Kenya et déposer une couronne de fleurs sur la tombe du soldat inconnu dans les jardins d’Uhuru.

Ensuite, Charles et Camilla doivent se rendre à Mombasa (sud), où le roi, attaché aux questions environnementales, visitera notamment une réserve naturelle et rencontrera des représentants de diverses religions.

Après avoir illustré la volonté de rapprochement de Londres avec ses alliés européens avec ses visites d’Etat en Allemagne et en France, Charles III, sur le trône depuis un peu plus d’un an, lance au Kenya sa « mission pour sauver le Commonwealth », a souligné le quotidien Daily Mail.

Cette institution regroupe 56 pays, pour la plupart d’anciennes colonies britanniques, et parmi eux, 15 royaumes (dont le Royaume-Uni, l’Australie, les Bahamas, le Canada ou la Nouvelle-Zélande) ayant toujours le monarque pour chef d’Etat.

Mais dans certains d’entre eux, l’idée de devenir une République, à l’image de la Barbade en 2021, fait son chemin, comme en Jamaïque et au Belize.

Excuses attendues 

Elizabeth II, qui avait effectué une visite d’Etat au Kenya en 1983, « était très attachée au Commonwealth et j’imagine que le gouvernement britannique s’attend à ce que le roi ait une approche similaire et essaye de le mettre en valeur et de préserver son unité », estime ainsi Poppy Cullen, historienne à l’Université de Cambridge.

Pour Londres cette visite au Kenya est l’occasion de « montrer une république indépendante au sein du Commonwealth, qui tire toujours des avantages de sa relation avec le Royaume-Uni », et de la présenter peut-être comme « un modèle potentiel pour d’autres » pays, ajoute l’historienne interrogée par l’AFP.

Elle « illustre la profondeur de nos relations et notre partenariat aux bénéfices partagés », a d’ailleurs souligné le président Ruto sur X (ex-Twitter) en amont de la venue de Charles III.

L’histoire entre les deux pays n’est pas dénuée de moments sombres comme la répression de la révolte des Mau Mau, qui a fait plus de 10 000 morts entre 1952 et 1960, principalement de la communauté Kikuyu, l’une des répressions les plus sanglantes de l’empire britannique.

Après des années de procédure, Londres a accepté en 2013 de dédommager plus de 5 000 Kényans, mais certains attendent que le roi présentent des excuses officielles pour les actes passés du Royaume-Uni.

Encore aujourd’hui, la présence de militaires britanniques suscite des tensions et le Parlement kényan a récemment lancé une enquête visant l’armée britannique.

Cette visite sera l’occasion d’évoquer « les aspects les plus douloureux » de l’histoire entre les deux pays et Charles III y « prendra le temps (…) d’approfondir sa compréhension des torts subis dans cette période par le peuple kényan », a assuré le palais de Buckingham en amont de sa venue.

Alors que la famille royale a été accusée de racisme par la belle-fille de Charles, Meghan Markle, le roi a déjà affiché une volonté d’apaisement depuis son accession au trône.

D’autres visites de membres de la famille royale dans d’anciennes colonies ont suscité des remous. Dans les Caraïbes l’an dernier, le prince William et Kate avaient été appelés à s’excuser pour le passé esclavagiste du Royaume-Uni.

Ces propos « ont généré beaucoup d’attentes sur ce que cela pourrait signifier. Est-ce qu’il va présenter des excuses? », estime Poppy Cullen.

« Ses mots seront écoutés très attentivement », et probablement au-delà du Kenya, note l’historienne: « Toutes les anciennes colonies regarderont (ce déplacement). Si le roi présente des excuses ou émet des regrets pour la période coloniale au Kenya (…) cela créera une sorte de précédent ».

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