Borne agite à Strasbourg le drapeau européen de la majorité
STRASBOURG, France : Elisabeth Borne amorce mardi au Parlement de Strasbourg la campagne européenne de la majorité, toujours à la recherche d’une tête de liste pour les élections de juin prochain capable de renverser la vapeur face à l’extrême droite donnée gagnante.
Après l’inauguration du bâtiment Simone-Veil qui, au terme d’une longue bataille, va être loué au Parlement européen, confortant la place de Strasbourg comme «capitale européenne», la Première ministre fera la tournée de sa famille européenne. Elle échangera notamment avec Stéphane Séjourné, président du groupe Renew (centristes), puis avec les eurodéputés français de ce groupe, étiquetés Renaissance, Horizons et MoDem.
Missionnée par le président Emmanuel Macron pour faire valoir le bilan européen de la majorité, la cheffe du gouvernement monte progressivement en puissance.
A Bordeaux le 6 octobre devant les militants Renaissance et les présidents des partis alliés Horizons et MoDem, Edouard Philippe et François Bayrou, elle a vanté «le seul bulletin de vote pro-européen», celui de sa majorité, face aux «pères déconstructeurs de l’Europe» de l’extrême droite.
Elle a ensuite exhorté Renaissance à se mobiliser «dès maintenant» avant de faire valoir en Irlande les valeurs républicaines qui, à ses yeux, restent «un combat» en Europe où les mouvements populistes et d’extrême droite ont le vent en poupe.
– «Humaniser l’Europe» –
De quoi nourrir la rumeur qu’elle pourrait être elle-même tête de liste? «Mais qui serait alors Première ministre?» évacue-t-on à Matignon.
L’hypothèse vient de «gens malveillants qui ne l’aiment pas» et veulent son départ de la rue de Varenne, assure un cadre de la majorité, alors qu’un remaniement pourrait avoir lieu en cas de condamnation fin novembre, par la Cour de justice de la République, du Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti.
Plusieurs noms circulent pour mener la liste de la majorité, dont celui de Stéphane Séjourné, qui dirige déjà le parti Renaissance, selon ses proches.
«Stéphane a envie d’être tête de liste, c’est légitime, c’est lui qui fait voter tous les textes là-bas, mais il veut garantir au président une puissance politique», avance son entourage. En revanche, le nom de Mme Borne «n’a jamais émergé des rencontres avec Emmanuel Macron» à ce sujet, selon la même source.
Les noms du commissaire européen Thierry Breton et de la secrétaire d’Etat chargée de l’Europe Laurence Boone sont aussi cités. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a lui fait savoir qu’il ne souhaitait pas être candidat, malgré les pressions.
«Il faut quand même un profil assez politique, mais qui ne soit pas trop techno, et qui parle de ce que ça change, l’Europe, dans nos vies. Il faut vraiment arriver à humaniser l’Europe», plaide une ministre, qui préfèrerait qu’Elisabeth Borne reste à Matignon.
– «Porter le fer» –
Outre la tête de liste, promise pour janvier, la stratégie de campagne n’est pas tout à fait arrêtée. «Soit on fait une campagne défensive» et «on fédère notre socle autour de Breton ou Séjourné», soit la campagne est «offensive» et «il faut une tête de liste qui accepte de porter le fer» contre Jordan Bardella, qui conduira la liste du Rassemblement national (extrême droite), donnée favorite, expose une source au sein de l’exécutif.
Cette campagne sera surtout «la dernière» d’Emmanuel Macron et pas celle d’une tête de liste, note un autre membre du gouvernement.
En attendant, les discussions sont amorcées entre partenaires de la majorité, représentés par les ministres Franck Riester (Renaissance), Marc Fesneau (MoDem), et le député Pierre-Yves Bournazel (Horizons).
Un premier contact a eu lieu entre M. Séjourné et le patron du parti UDI (centristes) Hervé Marseille, désireux d’œuvrer à un «grand rassemblement» pour contrer le «renforcement» du RN.
Selon un sondage OpinionWay pour les Echos paru lundi, la liste du RN sortirait gagnante aux européennes, à neuf points devant celle de la majorité (28% contre 19%),
Pour l’eurodéputée Manon Aubry, pressentie pour mener la liste de La France insoumise, «la macronie se cache car elle sait qu’elle va subir un vote sanction brutal».