Ben Amor : la hausse du flux migratoire résulte de la dégradation des conditions de vie des migrants en Tunisie
Le porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), Romdhane Ben Amor, est revenu, vendredi 15 septembre 2023, sur l’intensification des flux migratoires vers l’Italie depuis les côtes tunisiennes. Selon les derniers chiffres disponibles, plus de 7.000 migrants clandestins ont débarqué sur l’île italienne Lampedusa en 48 heures, ce qui représente un record.
Invité d’Elyes Gharbi dans l’émission Midi Show sur Mosaïque FM, M. Ben Amor a expliqué l’accélération de ce phénomène par la dégradation des conditions de vie des migrants, notamment à Sfax.
« Si on vient interdire aux migrants irréguliers de travailler, d’être hébergés et de se déplacer en plus du fait de fermer les yeux sur ceux qui viennent depuis l’Algérie car il s’agit de ton partenaire, on ne peut que créer une crise qui est actuellement en train de se reproduire à Zarzis. Si on fait pression sur les organisations de la société civile pour que les aides ne soient acheminées qu’à travers le Croissant rouge, c’est normal que les migrants se retrouvent dans une situation de vulnérabilité et qu’ils soient poussés à l’extrême », a-t-il déclaré notant que ces circonstances font aujourd’hui que les opérations de contrôle des côtes ne soient plus efficaces.
En réaction aux rumeurs que propage la droite italienne et selon lesquelles les autorités tunisiennes sont impliquées dans les récentes opérations de migration clandestine, Romdhane Ben Amor a assuré que les autorités tunisiennes exerçaient encore son approche répressive à l’égard des migrants interceptés en mer pour les pousser à regagner le sol tunisien.
Ce qu’il se passe, actuellement, est, selon le porte-parole du FTDES, le résultat des pressions européennes exercées contre la Tunisie et la politique que le pays a adoptée pour contenir le flux migratoire. « Cela a contribué à la dispersion des migrants le long des côtes tunisiennes et la multiplication des opérations de migration. Celles-ci sont devenues impossibles à contrôler. Si l’on va continuer ainsi, les opérations de migration vont augmenter davantage », a-t-il avancé.
Romdhane Ben Amor a signalé, également, que le flux migratoire pourrait augmenter davantage expliquant qu’avec l’arrivée de l’hiver et l’instabilité dans certains pays africains, les migrants pourraient traverser le Sahara pour arriver en Tunisie. « Si l’on continue dans la même approche on aboutira au même résultat », a-t-il relevé.
Interpellé sur les solutions à entreprendre pour atténuer les pressions migratoires, il a indiqué que la solution à la crise devrait s’articuler autour de deux axes aux niveaux national et international.
Selon Romdhane Ben Amor, la Tunisie devrait apporter une aide aux migrants et des services humanitaires surtout que ceux-ci ont besoin d’une prise en charge urgente. « Les organisations onusiennes doivent assumer leurs responsabilités à ce niveau et appuyer les efforts de la Tunisie », a-t-il estimé soulignant la nécessité de mettre un terme aux abus que subissent les migrants dans leur périple migratoire meurtrier et de leur garantir des couloirs humanitaires sûrs.
La Tunisie ne devrait pas être seule à assumer cette responsabilité. L’Union européenne devrait aussi, selon Romdhane Ben Amor, appuyer les efforts nationaux en accordant les fonds nécessaires aux agences onusiennes pour entre autres régulariser la situation des réfugiés et demandeurs d’asile.
Le porte-parole du FTDES a réitéré que les autorités tunisiennes avaient elles-mêmes créé la crise actuelle notant que les migrants en Tunisie subissent exactement le même sort et les mêmes abus que les migrants tunisiens en Italie.
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