António Guterres : les attaques du Hamas se sont produites dans le contexte d’une occupation étouffante de 56 ans
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a prononcé les mots qui fâchent. Lors du Conseil de sécurité des Nations Unies, ce mardi 24 octobre 2023, il a jugé important de « reconnaître que les attaques du Hamas s’étaient produites dans le contexte d’une occupation étouffante de 56 ans ».
« Le peuple palestinien a vu ses terres régulièrement dévorées par les colonies et en proie à la violence, son économie étouffée, ses habitants déplacés et leurs maisons démolies. Leurs espoirs d’une solution politique à leur situation se sont évanouis. Mais les griefs du peuple palestinien ne peuvent justifier les attaques effroyables du Hamas. Et ces attaques effroyables ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien » a-t-il souligné.
António Guterres a martelé qu’ « aucune partie à un conflit armé ne peut se considérer au-dessus du droit international » et que « même la guerre a des règles ». « Nous devons exiger de toutes les parties qu’elles respectent leurs obligations en vertu du droit humanitaire international, qu’elles veillent constamment à épargner les civils dans la conduite des opérations militaires, qu’elles respectent et protègent les hôpitaux et qu’elles respectent l’inviolabilité des installations de l’ONU qui abritent aujourd’hui plus de 600.000 Palestiniens » a-t-il ajouté.
Le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen, a très mal pris les propos du secrétaire général de l’ONU. Furieux, il a lancé « dans quel monde vivez-vous ? » à António Guterres. Plus tard il a posté sur X (ancien Twitter) pour dire que la rencontre prévue avec le responsable n’aura finalement pas lieu.
« Après le massacre du 7 octobre, il n’y a plus de place pour une approche nuancée. Le Hamas doit être rayé de la surface de la planète ! » a écrit le ministre israélien.
Au Sommet du Caire pour la paix, qui s’est tenu samedi dernier, le Secrétaire général de l’ONU, n’a pas manqué de souligner la « catastrophe humanitaire qui se déroule en temps réel » à Gaza.
António Guterres qui s’était rendu au poste frontière de Rafah, a souligné le paradoxe d’avoir « vu des centaines de camions remplis de nourriture et d’autres fournitures essentielles alors que de l’autre côté de la frontière, deux millions de personnes sont privées d’eau, de nourriture, de carburant, d’électricité et de médicaments. Des camions pleins d’un côté, des estomacs vides de l’autre ».
« Ces camions doivent être acheminés le plus rapidement possible, de manière massive, soutenue et sûre, de l’Égypte vers Gaza », a affirmé le chef de l’ONU, ajoutant que l’Organisation travaillait sans relâche avec toutes les parties pour assurer une livraison continue de l’aide à l’échelle nécessaire. « Les objectifs à court terme doivent être clairs : une aide humanitaire immédiate, sans restriction et durable à Gaza ; la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages du Hamas ; et un cessez-le-feu humanitaire immédiat », a-t-il déclaré.
Au mois de juin dernier, António Guterres, avait exhorté le gouvernement israélien à cesser immédiatement et complètement toutes les activités de colonisation dans le territoire palestinien occupé et à respecter pleinement ses obligations juridiques à cet égard. Il a réitéré que les colonies constituent une violation flagrante du droit international. « Elles constituent un obstacle majeur à la réalisation d’une solution viable prévoyant deux États et d’une paix juste, durable et globale. L’expansion de ces colonies illégales est un facteur important de tensions et de violence et aggrave les besoins humanitaires. Elle ancre encore plus l’occupation israélienne du territoire palestinien, empiète sur les terres et les ressources naturelles palestiniennes, entrave la libre circulation de la population palestinienne et sape les droits légitimes du peuple palestinien à l’autodétermination et à la souveraineté » a déclaré le responsable.
António Guterres réagissait alors à la décision du gouvernement israélien de modifier les procédures d’aménagement des colonies de peuplement afin accélérer l’avancement des plans de colonisation israéliens en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est.