Un post sur la page Facebook « Tunisna 24 » a publié la nouvelle selon laquelle Ahmed Nejib Chebbi, dirigeant du Front de salut national, a laissé entendre qu’il envisageait sérieusement de se lancer dans la course à la prochaine élection présidentielle en Tunisie en 2024.

D’après ce post, M. Chebbi, dans une note teintée de sincérité, aurait annoncé qu’il envisageait cette candidature suite à un appel lancé par le peuple tunisien lui-même. Sa déclaration, qui a enflammé les commentaires en ligne, aurait été formulée comme suit : « En réponse à l’appel du peuple tunisien, je prends en considération ma candidature à l’élection présidentielle de 2024. Je souhaite contribuer à protéger la démocratie, et surtout, à restituer au peuple tunisien la liberté qui lui est due ».

L’annonce de la candidature de Nejib Chebbi aurait engendré des réactions mitigées parmi les Tunisiens. Certains, pris de court, ont commenté en disant : « Qui aurait pu imaginer que Chebbi allait franchir ce pas et officialiser sa candidature aux élections ? Après tout, il a toujours été un critique ferme de toutes les initiatives et décisions prises par le président Kaïs Saïed. Souvenons-nous qu’il avait même boycotté le référendum et les élections législatives ».  D’autres, plus enthousiastes, ont applaudi cette annonce en déclarant : « C’est un développement crucial pour la démocratie. La concurrence est essentielle dans le cadre des élections à venir, et c’est exactement ce dont nous avons besoin ».

Toutefois, des doutes ont commencé à émerger lorsque nous avons enquêté davantage sur la source de cette information. Il semblait que les déclarations d’Ahmed Najib Chebbi concernant sa candidature étaient introuvables, que cela soit dans ses récentes interviews accordées aux médias ou dans les conférences de presse qu’il avait tenues au sein du Front de salut national.

Face à cette confusion, nous avons directement contacté le politicien Ahmed Nejib Chebbi, qui a vivement nié avoir fait une telle déclaration concernant sa candidature. Il a affirmé : « Je n’ai en aucune façon officialisé ma décision de me porter candidat à l’élection présidentielle ».  Il a même exclu la possibilité de la tenue d’élections en 2024, précisant : « Il faudrait présumer qu’il y aurait bel et bien une élection présidentielle en 2024 ». Il a souligné que la question de sa candidature dépendrait d’une décision collective au sein du Front de salut, laissant entendre que cela reste une affaire à trancher au sein de ce groupe politique « aucune décision dans ce sens n’a été prise », souligne-t-il.

Le porte-parole de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Mohamed Talili Mansri, a confirmé sur les ondes de l’émission « Midi Show » le mercredi 9 août 2023 que les élections présidentielles à venir auraient lieu à l’automne 2024, et ce conformément à la loi fondamentale de 2014, qui n’aurait subi ni révision ni suppression depuis lors.

Tout en s’exprimant, il a souligné : « Il est important de rappeler que nous nous conformons actuellement à la loi électorale en vigueur, et il serait prématuré d’évoquer les élections présidentielles de 2024. »

Le Front de salut national, une coalition politique fondée le 31 mai 2022 par Ahmed Najib Chebbi, a rassemblé des voix critiques à l’égard du président Kaïs Saïed. Ce front s’est dressé contre ce qu’il considérait comme des mesures exceptionnelles entreprises par Saïed depuis le 25 juillet 2021.

C’est à cette date que Kaïs Saïed a annoncé des mesures exceptionnelles en s’appuyant sur son interprétation de l’article 80 de la Constitution. Cet article lui octroierait des pouvoirs étendus en cas de danger imminent.

Ces mesures ont ensuite entraîné une série d’événements, dont le limogeage du gouvernement dirigé par Hichem Mechichi, la suspension du Parlement et la levée des immunités parlementaires.